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Un herbier passionné de rencontres insolites, de flâneries dans l’histoire du pays et d’explorations de son patrimoine culturel.
Littérature mauricienne romans

Road trip littéraire : L'île Maurice en 3 romans

Les expériences culturelles que nous prenons tant de plaisir à façonner sont le fruit d'un patient travail de recherche. Pendant des mois, nous explorons les ruelles d'un lieu, nous prenons le temps de la rencontre, nous nous asseyons autour d'un verre de sirop trop sucré et nous écoutons joyeusement nos compagnons nous raconter leur vie. Comme des petites fourmis nous assemblons petit à petit toutes les informations et les histoires de vie, qui deviendront le socle de nos visites guidées.

Pour nourrir notre pensée et étoffer nos contenus, nous lisons aussi beaucoup.

Des ouvrages historiques, sociologiques, ou anthropologiques sur l'Ile Maurice. Des romans écrits par des auteurs mauriciens, bien sûr. Des recueils de poèmes. Des rapports oubliés au fond de tiroirs obscurs. Des dissertations de fin d'année d'étudiants à l'université de Maurice. Oui, les rayons de notre bibliothèque sont très variés !

Nous avons eu envie de partager avec vous ces ouvrages sur l'Ile Maurice que nous lisons. Nos livres de chevet ou les nouveautés qui nous ont plu et que nous aimerions vous faire découvrir à votre tour.

Une petite bibliothèque virtuelle.

1. Paul et Virginie, Bernardin de Saint-Pierre

Paul et Virginie raconte l’histoire d’amour tragique de deux jeunes adolescents dans l’île Maurice du dix-huitième siècle. C’est une idylle fictive, racontée sur fond d’un drame historique réel, le naufrage du Saint Géran. Ce roman donne un aperçu passionnant sur la nature, la société et la culture mauriciennes de l’époque.

« Sur le côté oriental de la montagne qui s’élève derrière le Port-Louis de l’île de France, on voit, dans un terrain jadis cultivé, les ruines de deux petites cabanes. Elles sont situées presque au milieu d’un bassin formé par de grands rochers, qui n’a qu’une seule ouverture tournée au Nord. On aperçoit à gauche la montagne appelée le morne de la Découverte, d’où l’on signale les vaisseaux qui abordent dans l’île, et au bas de cette montagne la ville nommée le Port-Louis ; à droite, le chemin qui mène du Port-Louis au quartier des Pamplemousses ; ensuite l’église de ce nom, qui s’élève avec ses avenues de bambous au milieu d’une grande plaine ; et plus loin une forêt qui s’étend jusqu’aux extrémités de l’île. On distingue devant soi, sur les bords de la mer, la baie du Tombeau ; un peu sur la droite, le cap Malheureux ; et au-delà, la pleine mer, où paraissent à fleur d’eau quelques îlots inhabités, entre autres le coin de Mire, qui ressemble à un bastion au milieu des flots. »

Paul et Virginie, Bernardin de Saint-Pierre. 1788.

Si vous souhaitez le lire, n'hésitez pas à l'acheter en librairie ou en ligne.

2. Sueurs de sang, Abhimanyu Unnuth

Le roman d’Abhimanyu Unnuth parle de l’immigration indienne à Maurice. Divisé en deux parties, il donne la parole à deux personnages différents: Kissan et son fils Madan. Il y aborde les rouages de la société mauricienne du XIXème, ces mêmes phénomènes qui jetteront les bases de la société actuelle.

« Rekha s’empare de ma pioche, prend ma besace sur mon épaule et demande : “Sais-tu ce qu’il y a à manger pour le dîner ?” Je cite quelques noms de plats, ce qu’elle prépare d’ordinaire. Rekha éclate de rire. Et quand je donne ma langue au chat elle m’entraîne vers la cuisine. Pour la première fois, je vois de la vapeur s’élever des quatre casseroles que nous possédons. Elle ôte le couvercle de la première et j’aperçois des dholl-puri. Dans la deuxième mijote un massala d’aubergines et de pommes de terre, dans la troisième une fricassée de citrouille et dans la quatrième un rougail de tomates aux petits pois. Je crois rêver ! Rekha m’apprend que toutes les casseroles du village contiennent les mêmes délices. C’est la première récolte du champ communautaire. »

Sueurs de sang, Abhimanyu Unnuth. Stock, 2001.

Si vous souhaitez le lire, n'hésitez pas à l'acheter en librairie ou en ligne.

3. Bénarès, Barlen Pyamootoo

Il s’agit là d’un road trip littéraire à travers l’île. Son point de départ, Port Louis, la capitale foisonnante et, son point d'arrivée, Bénarès, un petit village tranquille du sud. A travers les lignes c'est l’île Maurice du vingtième siècle et ses réalités sociales et économiques qui se dessinent.

« “Il y a une boutique”, a dit Jimi, “un dispensaire, un bureau de poste, une école aussi, mais pour les tout petits seulement.”

“C’est tout ?” a demandé Mina.

“Et des maisons bien sûr”, a ajouté Jimi avec un sourire, “et des champs et la mer tout au bout.”

“Mais des magasins ? Un restaurant ?”

“Non, ça n’existe pas à Bénarès”, a répondu Jimi, tandis que ses yeux parcouraient un chantier qui longeait la route sur plusieurs kilomètres. On y voyait des murs inégaux, au pied desquels étaient éparpillés pêle-mêle des câbles, des tuyaux d’arrosage, des pioches, des pelles, des poutres et quelques machines à moitié installées ou démontées. On aurait dit un entrepôt en plein saccage, même s’il y avait de la lumière un peu partout et des silhouettes silencieuses qui patrouillaient.

“Pour ça il faut aller à Mahébourg, mais c’est encore mieux à Curepipe, à cause du choix.”

“Vous n’êtes pas nombreux alors”, a dit Zelda. “Combien vous êtes ?”

“Je ne connais pas le nombre exact”, a répondu Jimi. “Je suppose que nous sommes environ deux cents. Autrefois nous étions bien plus nombreux, mais autrefois il y avait un moulin à sucre.” »

Bénarès, Barlen Pyamootoo. Editions de l'Olivier, 1999.

Si vous souhaitez le lire, n'hésitez pas à l'acheter en librairie ou en ligne.